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Prix littéraire des lycéens : rencontre avec Jeanne Beltane

Par FRANCINE PERRIER, publié le mardi 23 janvier 2024 15:56 - Mis à jour le mardi 23 janvier 2024 15:58
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RENCONTRE AVEC JEANNE BELTANE

Dans le cadre du prix littéraire des lycéens Rhône-alpins, la classe de 1 pro C a eu le plaisir de rencontrer Jeanne Beltane, auteure du roman « Les poumons plein d’eau »

Les élèves ont commencé par lui poser des questions.

 

Combien de temps avez-vous mis pour écrire votre livre ?

Six mois à peu près. Au départ c’est parti d’une nouvelle écrite pour un concours de podcast proposé par Arte Radio. Il s’agissait d’un concours pour les auditeurs demandant de décrire un personnage en 1000 mots sans le décrire physiquement. Suite à la réussite à ce concours, j’ai été contactée par une éditrice alors que je n’avais pas encore écrit de livre.

Comment vous est venue l’idée de ce livre, avez-vous vécu quleque chose ou est-ce que l’idée vous est venue en rêvant ?

C’est une bonne question car en effet j’ai fait plein de rêves en lien avec cette histoire que j’ai transcrit dans ce récit. Sinon j’ai effectivement perdu mon père qui s’est suicidé et j’ai voulu parler de cela, mais l’histoire de la réincarnation m’est venue toute seule.

Pourquoi cette fin-là ? Je vous avoue que j’ai bien aimé toute l’histoire mais j’ai trouvé la fin très bizarre avec ce rat…

C’est pour dire qu’il n’y a pas vraiment de fin. C’est infini car l’âme se déplace indéfiniment.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes écrivains ?

Se faire confiance, écrire beaucoup, ne pas se censurer, avoir de la régularité. Se fixer un temps d’écriture, garder une discipline. J’ai un travail, je ne vis pas de l’écriture, mais comme je ne travaille pas le mercredi, j’écris chaque mercredi matin.

Pourquoi ce titre ?

C’était la dernière phrase de la nouvelle que j’avais écrite pour le podcast. Cette nouvelle a été intégrée au milieu du roman. L’eau est quelque chose de récurrent dans cette histoire donc j’ai gardé ce titre.

Est-ce que c’est vous qui vous êtes proposée pour participer au prix littéraire ?

Non, c’est un comité de sélection composé de libraires, de professeurs, de l’agence Rhône Alpes du Livre qui fait la sélection.

Avez-vous fait des études pour devenir écrivain ?

Non mais je tiens un journal depuis toute petite, j’ai toujours écrit mes journées puis quand j’en avais besoin. Maintenant j’écris des notes dans mon téléphone à tout moment de la journée. J’ai toujours beaucoup aimé lire, et avoir le goût de la lecture donne envie d’écrire.

Est-ce que ça a été difficile de trouver l’inspiration ?

Non, la petite nouvelle de 1000 mots est sortie d’un coup puis j’avais plein de notes dans mon journal autour de la mort de mon père qui m’ont beaucoup servie. La trame narrative était un exercice nouveau pour moi mais une fois que je l’ai eu ça a été.

Pourquoi se réincarne-t-il en poisson ?

Parce que les cendres du père sont dispersées dans un lac. Ça aurait pu être une algue mais le poisson c’était plus facile.

Ecrivez-vous un autre roman ?

Oui j’ai presque terminé. Maintenant il faut que je trouve un éditeur. C’est sur les amitiés féminines. J’ai voulu étudier la géométrie des relations : la ligne filiale mère-fille ; le triangle fille-mère-père ; le cercle de la sororité.

Ça rapporte bien d’écrire un livre ?

Non, il faut en vendre vraiment beaucoup car un écrivain ne touche que 10% par livre.

Avez-vous choisi l’illustration ?

Oui j’ai eu de la chance avec cette maison d’édition de pouvoir proposer une artiste que je connaissais, Caroline Pageot.

L’avez-vous relu intégralement lorsqu’il a été édité ?

Non car je l’ai relu énormément pendant les corrections, au bout d’un moment je n’avais plus envie de le relire ! Pour vous donner une idée de la temporalité, j’ai commencé à écrire en septembre 2021, je l’ai terminé en février 2022 Je l’ai envoyé à l’éditrice qui m’avait contactée et elle l’a accepté puis a fait en sorte qu’il puisse sortir pour la rentrée littéraire de septembre 2022. En mars -avril on a fait des relectures, des corrections. Une première version est envoyée aux journalistes et aux libraires. En juin j’ai rencontré un panel de libraires pour leur donner envie de lire et de promouvoir mon livre. Tout l’été la maison d’édition envoie des exemplaires aux journalistes. De septembre à janvier j’ai fait des rencontres en librairie, dans des salons littéraires. En janvier 2023 on m’a choisie pour participer au prix littéraire des lycéens Rhône alpins, ce qui est chouette car cela donne une seconde vie au livre.

Comment fait-on pour promouvoir un livre ?

Il y a des émissions de TV du style « la grande librairie », des articles de critique littéraire dans la presse, il y a des interviews dans des émissions de radio, il y a aussi les réseaux sociaux, de plus en plus de youtubeurs font la promotion de livres et ont un rôle important de prescripteurs. Puis il y a les rencontres dans les librairies, les médiathèques, les salons littéraires. C’est mon premier roman donc je ne suis pas connue, et j’ai trouvé que les salons était un exercice long car peu de monde s’intéressait à mon stand. Mais c’est un livre qui parle quand même à beaucoup de personnes qui ont été confrontées au deuil.

Est-ce que l’écriture vous a aidée ?

Oui cela a un effet cathartique. Il existe des ateliers d’écriture thérapeutiques, cela aide à mettre de la distance.  J’ai fait un projet autour de mon journal intime avec une amie photographe et j’ai créé un livre que j’ai auto-édité en 150 exemplaires.

Quel est votre métier ?

Je travaille dans la communication.

Le crâne à qui parlait le père, d’où venait-il ?

C’est vraiment un crâne venant de fac de médecine que mon père avait pris, il est vraiment chez moi !

Est-ce qu’il y a beaucoup de réel dans votre livre ?

Oui, on appelle cela de l’auto-fiction. C’est souvent que l’on s’inspire de sa propre histoire, de sa vie. Je pense qu’il est impossible d’écrire sans mettre un peu de soi dans son écriture. J’ai remarqué que l’écriture de soi, à la première personne est quelque chose de très féminin. Historiquement les femmes n’avaient le droit d’écrire que des correspondances et des journaux intimes. Souvent les livres des femmes sont plus intimistes et ceux des hommes plus historiques.

Jeanne Beltane a lu un passage de son livre qui parlait de réincarnation puis les élèves lui ont lu les textes crées par eux même sur une réincarnation.

Ils avaient également préparé avec leur professeur de français un travail d’écriture de la suite du passage pendant lequel l’héroïne prend un champignon pour rendre visite à son père, ils lui ont lu tour à tour leurs textes, que l’auteur a bien appréciés.